Sierre Zinal (ou la course des Cinq 4000) par Grégory Schmitt
Doyenne des courses de montagne en Europe, Sierre-Zinal est une course en ligne de 31 km pour 2200m de dénivelé positif et 800m de dénivelé négatif.
Elle se déroule dans le Valais, au Sud de la Suisse, à travers une vallée parrallèle à celle de Zermatt. Cette course a par ailleurs inspiré Luc Marlier
pour créer en 1976 nos Crêtes Vosgiennes, de 2 ans la cadette de Sierre-zinal.
Les quelques mots de Jonathan Wyatt (recordman de Sierre-Zinal) en disent long sur la notoriété de l’évènement :
« Cette course de tradition avec
son histoire, comme coureur de montagne tu dois simplement l'avoir vécue ! »
Deux départs sont donnés pour cette magnifique course de montagne.
La catégorie appelée "touristes" (sans classement à la fin de l’épreuve) part à 05:00 tandis que les compétiteurs, eux, s’élancent à 09:00.
Le départ est donné à l’extérieur de la ville de Sierre, un groupe de musicien distille sa musique festive tandis que se mêlent coureurs anonymes et
reconnus lors d’un échauffement qu’il ne faut pas prendre à la légère tant le parcours est exigeant dès les premiers mètres.
La course peut être scindée en 2 parties – Sierre-Chandolin avec 1500 m de dénivelé positif sur 15 km, et Chandolin – Zinal 16 km, dont une descente
vertigineuse et très technique d’environ 4 km (800m D-) qui nécessite obligatoirement d’avoir gardé un peu d’énergie en réserve.
Le départ est donné et l’on commence d’entrer à grimper sur la route pendant environ 1 km, avant de bifurquer sèchement sur la gauche et de s’enfoncer
dans la forêt. La pente est raide mais pas encore trop impressionnante, ce qui permet d’apprécier une très belle vue sur Sierre et la vallée. Passé
un petit hameau de maisons et les encouragements des spectateurs amassés sur le parcours, le passage de petits ponts en bois, la pente devient
vraiment très exigeante. Il faut absolument s’économiser et le passage au premier ravitaillement, Beauregard, après « seulement » 4 km et 600m D+
est une bouffée d’air frais. Mais la pente ne s’essouffle pas pour autant, et l’inclinaison est par endroit telle que l’on se demande si l’on est
venu pour courir ou pour faire une séance d’alpinisme. Le deuxième ravitaillement se trouve à Ponchette, l’intensité a baissée mais Chandolin
se mérite et on continue à grimper. Lorsque l’on sort de la forêt pour emprunter des chemins un peu plus étroits, ceux qui le peuvent en profitent
pour enfin allonger, redonner de l’amplitude aux foulées…Une petite descente (la première depuis 15 km, ce qui la rend un peu difficile) et on arrive
à Chandolin, joli petit village d’altitude et station de ski en hiver.
Ravitaillement et grosse ambiance, les spectateurs sont postés sur le parcours et donnent de la voix, c’est une première victoire, car le gros du
dénivelé est derrière. Mais attention, ça ne rend pas la fin du parcours facile pour autant…
On quitte définitivement la foret pour se retrouver sur des petits sentiers de montagne, la vue est saisissante et, même si la douleur est présente,
on peut trouver un peu de réconfort en contemplant les cinq 4000 (le Weisshorn, le Zinalrothorn, le Bishorn, l'Obergabelhorn et la Dent Blanche).
Après Chandolin, le prochain gros objectif est le passage à l’hôtel Weisshorn,
point « presque » culminant de la course à 2387 m d’altitude. Le Weisshorn se mérite, même si la pente est moins importante, il n’empêche que cela
ne se fait pas tout seul. Les spectateurs, randonneurs, touristes que l’on commence à rattraper (ce qui rend parfois la circulation difficile sur
les sentiers) sont là pour redonner le moral. Après un nouveau ravitaillement à Tignousa, il reste encore environ 4 km et 200m D+ pour atteindre
l’Hôtel que l’on a en point de mire.
Le passage de l’hôtel est particulier, à partir de ce moment, on sait que le plus difficile de la course est derrière et qu’en terme d’effort 70 %
du parcours est achevé. Les sentiers deviennent rocheux, techniques, les chutes sont fréquentes et peuvent causer quelques dégâts. Dans ces
conditions il est difficile de profiter pleinement du spectacle offert, car la concentration doit être maximale. Passé Nava, la pente s’inverse,
la course devient plus rapide pour ceux qui le peuvent encore... Après un dernier ravitaillement à Barneuza, on attaque le gros de la descente...
Attention aux chutes !
La descente est terrible vu ce que l’on a déjà traversé, elle peut être interminable si l’on n’a pas su économiser ses forces.
On ne voit pas encore Zinal, mais l’on peut entendre les applaudissements des spectateurs, le speaker annonçant chaque arrivée et la musique
accompagnant les dernières foulées des coureurs. Ultime passage en forêt, franchissement d’un petit tunnel et soudain on déboule sur une route
de macadam, les 500 derniers mètres sont là, et le public, de part et d’autres de la route encourage, applaudit... Ca y est, la délivrance 31 km et
2200 M D+ après, vous venez de terminer la légendaire course de Sierre-Zinal.
Merci à Grégory pour cette description de course et les photos de l'édition 2009.
Vainqueur des crêtes 2008 et de nombreuses courses du Trophée des Vosges cette année, Grégory a participé à 3 reprises à cette course, avec un très
bon résultat en 2008 (43ème en 3h09:08).