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Interview d'Hélène Froehlich - Triathlète et victorieuse du Trophée des Vosges


Triathlète et victorieuse cette année du Trophée des Vosges Montagne, Hélène Froehlich nous livre dans une interview marathon son bilan de ces 2 dernières années durant lesquelles elle a réussi à associer saison de Triathlon, avec un titre de championne de France 2012 et vice-championne d'Europe 2013 LD amateur, et le challenge des courses en Montagne chez nous dans les Vosges, auquel elle tenait tant. L'occasion aussi de revenir sur les différentes disciplines du Triathlon et de ses dérivés, de son attirance vers la Montagne, le Trail et leur ambiance, ainsi que du sport au féminin.
Cette année fut la bonne ! Tu remportes le Trophée des Vosges Montagne, mais tu fais également une belle saison de triathlon. Quel bilan fais-tu de cette saison 2013 ?

Effectivement cette année fut la bonne à tout point de vu : sportif et professionnel ! 11 victoires au total dont quatre en duathlon, une en triathlon longue distance, et trois en trails (ndlr : Trails courts et courses en montagne). Je ne suis pas certaine de réitérer la chose l'an prochain ! La vraie satisfaction étant qu'en plus de l'objectif que je m'étais fixé (concilier une saison de triathlon et de trail), les résultats ont suivi, et ca c'est motivant pour la suite ! Je suis surtout contente de la manière dont s'est déroulée cette saison, même s'il y a eu quelques imprévus à la fin. J'ai réussi à être plus ou moins en forme toute l'année sans vraiment connaitre de passage à vide comme l'an passé. Maintenant j'arrive mieux à gérer tout cela et à me reposer VRAIMENT quand je sens que j'en ai besoin.

Seconde l'an passé, après avoir perdu la première place sur la dernière épreuve, quelle a été ta stratégie cette année pour t'imposer sur le Trophée des Vosges ?

Cette victoire c'est sur je la voulais mais je la voulais surtout pour me prouver (et aussi un peu à mon coach) que je pouvais concilier une belle saison de triathlon et aussi de trail ! Et puis ce trophée c'est un challenge, sympa tant qu'à faire !

L'an passé j'avais déjà fais une belle saison de trail mais tout perdre sur la dernière épreuve m'avait énormément frustré alors que j'aurais pu déjà m'imposer au trophée ! Mais j'étais vraiment très fatiguée depuis le mois de septembre et je n'ai jamais vraiment récupéré jusqu'au dernier trail. Un mois avant la finale du Trophée des Vosges j'avais abandonné sur le Triathlon de Gérardmer suite à une hypothermie et une grosse fatigue. La montée du Wintersberg est celle qui m'a finalement « achevé ». J'ai été évidemment déçu car j'adore les courses courtes mais difficiles comme celle-ci et je m'y étais déjà imposée 2 ans auparavant. J'ai relativiser, ca n'est finalement que du sport et du coup cela m'a donné la niaque pour cette saison !
J'ai décidé comme l'an passé de faire le maximum de course en début d'année car la saison de triathlon et duathlon démarre un peu plus tard vers Avril/Mai. En début de saison je suis plus « fraiche » que lorsque que la saison de tri est lancée et je peux mieux gérer ma récupération ! Au départ j'étais donc partie pour faire le maximum de courses sans les préparer de manière spécifique, pour me permettre d'améliorer les plus mauvaises par exemple. Au final je n'ai pu faire que le minimum, c'est-à-dire 6 courses tout comme l'an passé ! Avec le triathlon et je n'ai pas réussi à faire plus. Du coup, je me suis retrouvée « en sursis » en fin de saison avec une blessure coriace que j'ai trainé depuis le trail de Manigod dans les Alpes et qui m'a suivi des mini Crêtes Vosgiennes à mon dernier triathlon au Pays Basque !

Je me voyais déjà renoncer au Trophée des Vosges une saison encore. Aucun médecin ni kiné n'arrivant à mettre un mot sur cette blessure, j'ai donc continué à m'entrainer et à courir en compétition pendant un mois car cela ne s'aggravait pas... Jusqu'au moment où réellement cela a finit par m'handicaper lors du dernier triathlon en septembre. Lorsque l'on a trouvé ce que j'avais, j'ai dû arrêter la course à pied pendant 2 mois, le vélo et la natation pendant 3 semaines. J'ai donc repris la course 10 jours à peine avant la montée du Wintersberg soit avec quatre petits footings allure "mémé" très pénibles ! J'ai vraiment hésité à prendre le départ dans ces conditions mais comme le ridicule ne tue pas (et qu'on en vit qu'une fois !) et que je suis quelqu'un qui va au bout des choses, j'ai pris le départ de la course.

Cela fait maintenant 2ans que tu arrives à enchainer un début et une fin de saison de course en montagne à travers le Trophée des Vosges et une saison estivale de Triathlon. Arrives-tu à trouver un complètent entre les 2 disciplines ? Ou penses-tu qu'il faudrait que tu te concentres sur l'une ou l'autre discipline, ou au contraire souhaites-tu aller vers d'autres sports outdoors ?

Ce qui est sur c'est que c'est comme ca que j'aime ma vie d'athlète et que j'y suis pleinement épanouis. Je ne me verrais pas faire que tu triathlon ou que du trail... du moins pas pour le moment ! Les deux m'apportent un équilibre dans ma vie personnelle comme dans ma vie de sportive. Je n'arrive pas à me considérer comme une triathlète à 100%, ni comme ou traileuse à 100% mais un peu des deux ! Je ne m'entraine absolument pas pour le trail mais ma préparation est axée sur le triathlon. Le trail je fais cela « comme ca » même si une fois dans la course, je me prends au jeu.

Pourtant je sais qu'un jour je devrais faire un choix pour être performante dans l'une ou l'autre des disciplines mais aussi parce que j'aime faire les choses à fond. Et en faisant les deux je ne pense pas être à 100%.

De plus, la manière dont je pratique le trail et le triathlon depuis 2 ans ne sont pas forcément très compatibles. Je ne fais aucune préparation spécifique pour le trail comme je l'ai dit. A part celle que je fais pour le triathlon, c'est-à-dire nager, rouler et courir. Et forcément le temps passé à l'entrainement, à la récupération ou encore l'investissement, le type et l'agencement des entrainements dans la discipline de la course à pied pour un triathlète, sera différent que pour un athlète qui ne fait que de la course à pied. En plus je cours rarement en montagne (sauf pendant les vacances) et bien que cela me manque, je ne les ai pas encore sous mes fenêtres ! Enfin tous les trails que j'ai fait ces deux dernières années, je les ai vraiment intégré à ma planification comme des « entrainements du dimanche », des sorties longues. Psychologiquement c'était parfois dur de se dire que malgré une semaine à 15h d'entrainement difficile j'allais me « mettre dans le rouge » le week- end sur un trail... mais une fois dans la course c'était que du bonheur !

Après voilà, c'est comme cela que je vis le trail et je ne suis pas sûr que le contraire me réussirait. Et puis sur les distances que je fais on récupère quand même très vite. Le trail cela m'amuse pour le moment.

En ce qui concerne les autres sports outdoors bien je crois que pour le moment je vais m'en tenir à cela et à ce que je fais déjà !

Je pratique le ski de randonnée l'hiver et l'an dernier je suis montée sur des skis de fonds (skating) pour la première fois. Cela m'a bien plus et je compte persévérer cette année (là aussi j'ai un super coach perso !) car bien entendu c'est un sport qui se pratique en montagne.

Pourquoi cette envie de courir et de pratiquer la montagne ?

Tout simplement à cause des montagnes, de la magie et de la beauté qu'elles dégagent ! Je vais en montagne depuis le plus jeune âge pour les vacances, été comme hiver. J'ai pratiqué le ski alpin en compétition également.

Et puis avec mon père j'ai découvert la haute montagne (et mon premier Mont-Blanc cet été) et les sommets à ski de randonnée. C'est très plaisant et c'est encore une autre vision de la montagne que lorsque l'on court ou que l'on skate.

En montagne j'aime l'idée que comme dans la vie rien n'est jamais acquis... tu peux partir faire un sommet à 7h le matin et devoir y renoncer 3h plus tard parce que les conditions se gâtent. La montagne a toujours le dernier mot ! C'est un peu contradictoire car si la montagne t'apprend à renoncer, en tant qu'athlète, quand tu cours en compétition, le renoncement et l'abnégation sont deux « principes » qui te font avancer. Pourtant dans la vie comme dans le sport il faut parfois savoir renoncer pour mieux avancer. C'est une des choses que ce que la montagne m'a apprise.

Enfin j'aime l'image d'humilité qu'elle nous renvoie... parce qu'en montagne comme dans la vie il faut savoir rester humble.

Basculeras-tu à terme sur le trail et des épreuves plus longues (50km), comme les Ultras (100km) ?

Oui, c'est certain ! Souvent je me dis que lorsque je ne serai plus heureuse dans le triathlon, qui reste quand même le sport pour lequel je m'entraine aujourd'hui, je passerai au trail. Dans tous les sports que j'ai pratiqués, j'ai arrêté le jour ou j'ai cessé de me faire plaisir à l'entrainement et en compétition. Je veux garder cette « ligne de conduite ».

Je pratique le triathlon mais j'ai parfois du mal à me reconnaitre dans la mentalité qui émane de cette discipline. Bien sur je ne généralise pas, je pense plus me rapprocher dans la mentalité trail. Il y a à mon sens beaucoup de «prétention et prétentieux » dans le tri. Moi qui ai plutôt tendance à manquer de confiance en moi, on va dire que ca c'est pas du tout mon truc !

Au contraire j'adore la simplicité de Stéphane Brognard (même s'il est un peu atypique), de Kilian Jornet (même si lui est carrément foufou) ou encore Emilie Lecomte (très posée) et Anna Frost ! Pour moi ces personnes incarnent l'image de « vrais athlètes », simples, humbles, performants, épanouis et heureux dans le sport qu'ils pratiquent... bref, tout ce à quoi j'aspire ! Il y a peu de triathlète pro qui me fassent vraiment « rêver » aujourd'hui. Cela n'enlève en rien au fait que le triathlon reste un beau sport.

Mon projet sportif dans le trail serait bien entendu l'Utmb comme beaucoup de traileurs surtout parce que j'adore le tracé et les endroits traversés par cette épreuve. Je suis aussi très attirée par le Kilomètre Verticale et le Sky-Running. Ça sera pour cette année ! Le KMV parce que c'est juste un truc de fou, donc pour le défi ! Et le Sky-Running pour crapahuter dans les cailloux, pour la peur du vide (même si je ne l'ai pas), le défi et la beauté des paysages.
Revenons au Triathlon. Du sprint à l'Ironman en passant par les X-Terra, peux-tu nous présenter les différentes facettes et épreuves de ce sport ?

Le triathlon se décline en plusieurs facettes et c'est ce qui fait de ce sport une discipline plutôt plaisante ! Du fait des nombreuses autres disciplines et distances qui en découlent, il reste accessible à tous les niveaux, du débutant au confirmé. Cela permet de « démystifier » un peu ce sport. Beaucoup de monde pense qu'il est réservé à une certaine catégorie de sportifs ou d'élites et qu'il est inaccessible du fait de la « difficulté des 3 sports » ! Mais il y a en vraiment pour tous les goûts, tous les niveaux, tous les sexes, homme, femmes et enfants !

Il y a par exemple le label « découverte » qui convient parfaitement à un sportif qui ne s'entraine pas dans un club et qui veut découvrir les joies de ce sport ! Il y ensuite les épreuves dites courtes distances (CD : 1.5/40/10 [natation/vélo/course à pied]) et sprint (700/20/5) qui sont celles que l'on voit sur les circuits de Coupes de Monde, Coupe d'Europe et Grands Prix… un peu les épreuves « officielles » ! Ce sont des épreuves assez rapides où il peut y avoir du drafting à vélo (c'est le cas sur les circuits Coupe du Monde, de France etc. !) Ces épreuves sont aussi accessibles à des triathlètes qui débutent mais il faut un minimum d'entrainement quand même. Ensuite il y a les épreuves de « longues distance » : half, longue distance (LD) et Ironman. Là c'est une autre musique !! Il faut être préparé et assez complet dans au moins 2 des 3 disciplines... les distances sont variées selon les épreuves. Par exemple un Ironman c'est 3.8km de natation, 182km de vélo et 42.195km en course à pied pour terminer ! Un half c'est la moitié !

A coté de cela il y a aussi les duathlons (enchainements course à pied/vélo/course à pied) avec des épreuves aussi officielles comme les Grands prix en France, les circuits de Coupe d'Europe, du Monde, les championnats de Frances. Bref, la même chose qu'en triathlon sans la natation !

Enfin d'autres disciplines ont émergé comme l'aquathlon (enchainement natation course à pied), le Bike and Run (VTT et course à pied par équipe de 2) et l'XTerra, un mélange de trail/triathlon où le vélo de route est remplacé par un VTT et la course à pied sur des terrains profilés trails.

Quelles sont les épreuves régionales et nationales à ne pas manquer ?

Même si je ne suis plus licenciée en Alsace depuis presque 2 ans maintenant, côté régional il y a vraiment de chouettes épreuves organisées en triathlon et duathlon comme le multisprint de Still (duathlon), le triathlon d'Obernai et de Gérardmer ou encore les Bike and Run d' Oberhausbergen, de la Wantzenau et de la Pommeraie.

Coté course nature et trails il y en aurait trop à citer car le calendrier Alsacien est de plus en plus fourni (pour mon plus grand bonheur). Mes petites préférées dans le coin restent le Circuit des Grand-Crus à Rouffach, les courses nature de Niederhausbergen, le Trail du Kochersberg, la course du Kaisersthul en Allemagne, la montée du Wintersberg et celle du Horhodberg !

Au niveau national là encore il y a de belles épreuves comme le Triathlon du Verdon, de Calvi, de Saint Jean de Luz etc.
Quel est ton meilleur souvenir ? et ta plus grande déception ?

Ces deux dernières saisons il y a eu beaucoup de bons souvenirs finalement... et peu de mauvais !

Ma 2ème place au Trophée des Vosges... c'était un mauvais souvenir surtout la manière dont cela s'est terminé au Wintersberg ! Dès le départ j'ai sentis que ca n'allait pas mais je me suis accrochée tant bien que mal. J'étais là avec la tête qui voulais avancer mais les jambes qui faisaient du surplace et tout le monde qui me dépassait. Je pense que nous avons tout connu un jour ce sentiment là mais là il tombait mal. Et pour agrandir ce grand moment de frustration, ma super partenaire d'entrainement (« Ma star » alias Delphine !) s'est « sacrifié » tout au long de la course en me faisant lièvre pour que je ne lâche pas totalement. Ce jour là je n'ai pas pu «lui rendre » et j'étais vraiment en colère contre moi ! Elle avait des jambes, elle aurait pu partir et me laisser mais elle restée jusqu'au bout.

Mon titre de vice-championne d'Europe cette année à Barcelone (catégorie amateur en longue distance) et non pas « championne » tout court après être tombée malade 2 jours avant la course. Repartir d'Espagne avec le sentiment de n'avoir pas pu tout donner alors que c'était mon objectif de saison, ca laisse « amer ». Mais on ne peut pas tout maitriser dans le sport.

Mes meilleurs souvenirs en 2012 restent ma première victoire en trail (à Rouffach), mon titre de championne de France de longue distance à Calvi (catégorie amateur) devant des élites et après être sortie 13ème de l'eau (avec plus de 10 minutes de retard sur la première féminine). Et puis notre arrivée main dans la main avec Delphine l'an passé aux courses de la colline à Niederhausbergen. Après avoir passé la course à se dépasser et se repasser nous nous sommes finalement attendues. C'était une belle arrivée. Et le sport pour moi c'est aussi ces moments de partages et de complicités.

Cette saison mes meilleurs souvenirs je crois que je les ai vécus avec mon coach ! Même si on a tous les deux, « deux forts caractères » et qu'il est un peu « chiant » (lol), il a toujours les bons mots, il me fait toujours rire, il est toujours là... et surtout il trouve toujours des solutions à tout !

Lorsque j'ai gagné le triathlon longue distance de Saint Jean de Luz, une semaine après le triathlon longue distance de Gérardmer, il était là ! Toute la course il était avec moi (enfin sur l'air d'arrivée à s'impatienter comme toujours) et ca m'a aidé à tenir, à ne pas lâcher. C'était le deuxième longue distance que j'enchainais en moins d'une semaine et blessée de surcroit... mais il m'a vraiment encouragé à ne pas lâcher. Et en même temps je sais que si j'avais abandonné il ne m'en aurait pas voulu. C'était une belle récompense que de franchir la ligne d'arrivée dans ses bras, sur une victoire de fin de saison !

Et puis il y a eu le duathlon d'Anglet. Il avait pris part à la course à mes côtés et nous avons fait la première course à pied ensemble, tant bien que mal ! A VTT nous sommes restés ensemble mais il y a eu un moment de panique... Alors que j'étais en tête de la course et favorite pour remporter le challenge (qui était en 2 étapes !) nous nous sommes perdus en suivant bêtement un groupe ! Pendant ce temps la 2ème fille avait eu le temps de revenir sur moi avec 2 minutes d'avance. C'était un vrai moment de panique parce que sur un parcours de 20 km de VTT ça n'était pas gagner de rependre ces fichus 2 minutes ! Bien entendu je n'envisageais pas de les avoir perdus si bêtement et dans l'énervement j'ai même insulté mon coach ! Nous avons finis par poser le vélo dans le parc avec la 1ère féminine ! Toujours énervé j'ai bousculé sans état d'âme mon coach dans le parc à vélo pour qu'il veuille bien me laisser passer et que je puisse ranger mon vélo ! Me voilà enfin à l'attaque des 5 derniers km laissant le coach « sur le carreau ». La victoire a été à la clef, mais ce que j'en retiens c'est un chouette moment de complicité et que malgré tout on en a bien ri !
Le Triathlon nécessite de développer 3 disciplines aux techniques bien différentes. Comment combines-tu les 3 sports dans tes phases d'entrainement ? Est-ce que tu travailles une discipline plus que les autres ?

S'il est vrai que la technique n'est pas la même sur le vélo à la nage ou en courant, l'avantage est qu'il y a quand même des adaptations et des « transferts » d'une discipline à l'autre. La où cela se complique c'est bien sur en natation car c'est un sport technique et c'est vrai que n'étant absolument pas nageuse (ni trop doué pour cela) je délaisse davantage cette discipline. Etre nageur en triathlon est un gros avantage car sortir en tête de l'eau ou dans les premiers paquets c'est bien pour la confiance, pour la gestion et pour la suite de la course. Mais sur le longue distance cela est un peu moins vrai et heureusement pour moi. La natation étant vraiment mon point faible, je sors toujours très loin des premières mais au final je me rattrape largement sur le vélo puis j'arrive à maintenir plus ou moins ma place en course à pied. Je nage 2 à 3 fois par semaine maximum et pour ce qui est des deux autres disciplines je fais moitié moitié. Cela me va très bien ainsi. Je préfère travailler le vélo et la course à pied car sur le longue distance elles sont plus importantes. Et là je dois et pense encore pouvoir faire des progrès beaucoup plus important qu'en natation !

Je pense qu'il n'y pas « d'entrainement type » mais à chacun de trouver sa propre façon de s'entrainer pour d'être bien « le jour J »... Certains auront besoin de beaucoup s'entrainer pour réussir, d'autres moins. Certains privilégient la discipline dans laquelle ils sont le plus faible. A chacun « sa formule magique » !

Licencié depuis peu au club de triathlon de Gray, tu es aussi ambassadrice Saucony avec Jog'R. Quelles est ta vision du sport féminin dans le Triathlon et la course à pied ?

Le choix d'avoir quitté (non pas physiquement mais « administrativement » va-t-on dire) un club en Alsace n'a pas été facile à faire.

D'abord d'un point de vu logistique et puis aussi pour les personnes que j'appréciais dans le club dans lequel j'ai été depuis mes débuts (mais avec qui je continue de passer du temps hors sport !) Avec le recul, je suis très heureuse comme cela et je n'ai aucuns regrets. Le plus dur c'est le fait d'aller s'entrainer seule, tous les jours, tout le temps, par tous les temps et parfois deux fois par jour. Mais une fois que je suis à l'entrainement je ne pense plus à tout cela. Il faut de la motivation. Et dans ces moments là la seule chose qui m'anime vraiment c'est de me dire qu'en compétition tu es aussi seule. Alors autant s'y habituer.

Heureusement que de temps en temps j'ai quand même un ou une super partenaire d'entrainement ! Et pour le coup j'apprécie beaucoup ces deux personnes, à la fois pour leur mentalité, leur niveau sportif et leur humilité.

La saison qui vient de s'écouler je l'ai faite à Anglet France Triathlon (Pyrénées-Atlantiques) qui est le club de mon coach. J'y ai passé une superbe année. J'ai fais quelques courses là bas, je suis partie en stage également dans le coin et ce fut vraiment de chouettes moments à chaque foi que j'y étais. Une belle saison pleine de belle rencontre ! Et puis je pense que cela a vraiment renforcé notre complicité et entente avec le coach. Cette année j'ai choisi de rejoindre la D1 de duathlon à Val de Gray (Haute-Saône) pour voir autre chose. Le club est sympathique aussi et il y a une bonne ambiance. Je ne me focalise pas sur les manches de D1 à 100% mais je pense que cela peut être intéressant de courir en division 1 pour le niveau, pour le mental et bien sur l'aventure d'être avec une équipe de filles !

Je suis aussi ravie d'être l'ambassadrice de Saucony avec JOG'R depuis 2 ans car même si je ne fais pas directement partie de la Team, j'y ai fais aussi de jolies rencontres. Et puis le "JOG'R Staff" est top !

Aujourd'hui je pense que le sport féminin se développe de plus en plus même si nous ne sommes pas encore "l'égal" des hommes, mais que cela se fait pas à pas. En triathlon par exemple la fédération sportive a mis en place des actions pour promouvoir la pratique féminine de ce sport mais dans la réalité on est encore loin du compte ! Sur les trails en revanche je suis assez surprise (dans le bon sens du terme) de voir le nombre de féminine augmenter sur les épreuves, rien que sur les trails et courses natures Alsaciennes on voit de plus en plus de « nouvelles têtes » féminines !

En ce qui concerne la médiatisation, presse local régionale et j'en passe, des inégalités en terme de primes de courses, de la considération des athlètes féminines dans le sport, il y a encore du travail ! C'est très injuste mais il faudrait d'abord que les mentalités évoluent pour que tout cela change. Je pense qu'il m'arrivera encore de m'énerver auprès d'athlètes masculins ayant un comportement macho à l'entrainement ou en compétition, tout cela parce que le sport féminin n'est en parti pas assez considéré ou tout simplement « pas pour les femmes » (et là je pourrais en citer des situations !)

J'essaie aujourd'hui de garder mon énergie pour « bien faire le sport que j'aime » et même si c'est dommage, ca ne sera pas le « combat de ma vie » !
Comment arrives-tu à gérer vie professionnelle et les heures d'entrainements nécessaires à la compétition ?

La pratique de ce sport est un jonglage permanent entre « mes 3 vies : la vie professionnelle, la vie personnelle et la vie d'athlète.

Tout est une question d'équilibre à trouver, de juste milieu pour trouver sa place au milieu de ce « tryptique ». Essayer de ne pas en faire trop dans le sport pour laisser quand même de la place à une vie personnelle : les ami(e)s, la famille les sorties. Bref, à une vie sociale ! J'essaye bien évidemment de faire en sorte que la pratique du sport ne prenne pas le dessus sur ma vie professionnelle ! Cet équilibre je l'ai vraiment trouvé depuis deux ans et j'espère continuer sur cette lancée. Et puis je ne me priverai jamais d'une sortie, d'une soirée ou d'un restaurant la veille d'une course « parce qu'il y a course » ! Il faut vivre. Vivre d'autres choses et moi je ne vivrai jamais du sport (d'ailleurs ca ne me plairait pas !).

Le volume de l'entrainement dépend surtout de mes dispos, du planning au travail, de la période de la saison. Il y a des semaines où j'en fais moins, d'autres ou je mets les bouchées doubles ! Mais c'est rarement la même chose deux semaines d'affilées ! Je fais surtout des matins pour le moment donc je me lève tôt et cela me laisse mes après-midis et mes soirées même si il n'est pas toujours facile d'aller s'entrainer surtout l'hiver avec la fatigue, les conditions climatiques Alsaciennes etc. mais il faut croire que j'aime cela.

Cela demande des sacrifices, on ne peut pas le nier. Mais je ne les vis pas comme des contraintes parce que j'aime vraiment ce que je fais. Mon métier, ma vie, ma pratique sportive. Si je n'ai vraiment pas envie d'aller m'entrainer ou de faire une séance je vais faire autres choses et tant pis... avant j'en aurais culpabilisé mais aujourd'hui je ne vois plus les choses ainsi ! Ces dernières années le sport m'a appris à être à l'écoute de mon corps, de mes sensations. On ne se blesse jamais par hasard, on ne tombe pas malade par « malchance ». Je pense que c'est toujours le signe d'une défaillance du corps et d'un message qu'il nous envoie. Il faut savoir l'accepter. On ne sera pas moins bon par la suite et le fait de renoncer ne nous rend pas faible pour autant. Et même si ceux qui me connaissent « je garde toujours un brin de folie », j'ai quand même appris cette sagesse avec le temps.



Enfin je pense qu'il faut vivre avec le sport et non pour le sport car cela reste éphémère et ne dur qu'un temps... je me dis souvent que d'ici 30 ans (et peut être avant !) je ne pourrais sans doute plus faire tout ce que je fais comme je le fais aujourd'hui. Donc aujourd'hui je fais et je profite à fond mais le jour où je n'aurais plus le sport je veux qu'il y ait autre chose. D'ailleurs il y aura toujours autre chose dans ma vie !
Repos cet hiver ou déjà préparation 2014 avec quelques cross pour garder la « niaque » ?

Le repos je l'ai déjà fait ! Et je n'aime pas rester sans dossard trop longtemps car la compétition est un des aspects pour lesquels je fais quand même du sport !

La reprise en course à pied a été difficile après ma blessure surtout eu niveau des sensations et sans parler de la vitesse que j'ai vraiment perdu ! Mais là je reviens enfin à mon niveau depuis quelques semaines... donc cet hiver je pense évidemment faire quelques courses comme des Bike and Run, des cross et en février/mars une ou deux courses sur route pour préparer un peu les Grands prix de duathlons qui vont arriver très vite en Mars, histoire de ne pas trop terminer loin !

Si je peux j'aimerai participer à une course de ski de randonnée cet hiver (montée sèche), cela me plairait bien à défaut du trail cet hiver !
Quels seront tes objectifs 2014 ?

A la fin de la saison de triathlon en Septembre (et peut être dans « l'euphorie des bons résultats !), je comptais axer 2014 sur le triathlon et le duathlon. Et puis je suis partie courir en montagne il y a quelques semaines et en rentrant j'ai encore chamboulé mes plans ! Je ne ferais sans doute plus le Trophée des Vosges mais je veux continuer le trail.

Je n'ai pas encore tout à fait déterminé le calendrier et les objectifs de 2014 mais je serai présente sur 3/4 manches de D1 duathlon avec le Tri Val de Gray, au triathlon de Gérardmer (sur le longue distance) et aux championnats de France de triathlon longue distance. Je reste sur le longue distance et peut être je tenterai ce format en duathlon. Coté trail rien n'est décidé non plus mais je serais sur la Sainté-Lyon en décembre 2014, sur un KMV, une course de Sky-Running et quelques trails du massif Vosgien. Comme tous les ans je ferais les courses au hasard du calendrier et de mes envies « de dernières minutes » comme je l'ai toujours fait, car je crois que cela me va assez bien comme cela finalement ! Comme dit mon coach, je suis capable du meilleur comme du pire. Donc il est probable que je change totalement d'avis sur la programmation de mes courses et que je me lance dans une épreuve totalement imprévue... rien ne sert de trop programmer à l'avance !

" Le moment donnée par le hasard vaut mieux que le moment choisi " (Proverbe Chinois !)

Interview réalisée par Nicolas Fried.

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