![]() |
Triathlète et victorieuse cette année du Trophée des Vosges Montagne, Hélène Froehlich nous livre dans une interview marathon son bilan de ces 2 dernières années durant lesquelles elle a
réussi à associer saison de Triathlon, avec un titre de championne de France 2012 et vice-championne d'Europe 2013 LD amateur, et le challenge des courses en Montagne chez nous dans les Vosges, auquel elle tenait tant.
L'occasion aussi de revenir sur les différentes disciplines du Triathlon et de ses dérivés, de son attirance vers la Montagne, le Trail et leur ambiance, ainsi que du sport au féminin.
Cette année fut la bonne ! Tu remportes le Trophée des Vosges Montagne, mais tu fais également une belle saison de triathlon. Quel bilan fais-tu de cette saison 2013 ?Effectivement cette année fut la bonne à tout point de vu : sportif et professionnel ! 11 victoires au total dont quatre en duathlon, une en triathlon longue distance, et trois en trails (ndlr : Trails courts et courses en montagne). Je ne suis pas certaine de réitérer la chose l'an prochain ! La vraie satisfaction étant qu'en plus de l'objectif que je m'étais fixé (concilier une saison de triathlon et de trail), les résultats ont suivi, et ca c'est motivant pour la suite ! Je suis surtout contente de la manière dont s'est déroulée cette saison, même s'il y a eu quelques imprévus à la fin. J'ai réussi à être plus ou moins en forme toute l'année sans vraiment connaitre de passage à vide comme l'an passé. Maintenant j'arrive mieux à gérer tout cela et à me reposer VRAIMENT quand je sens que j'en ai besoin. |
J'ai décidé comme l'an passé de faire le maximum de course en début d'année car la saison de triathlon et duathlon démarre un peu plus tard vers Avril/Mai. En début de saison je suis plus « fraiche »
que lorsque que la saison de tri est lancée et je peux mieux gérer ma récupération !
Au départ j'étais donc partie pour faire le maximum de courses sans les préparer de manière spécifique, pour me permettre d'améliorer les plus mauvaises par exemple. Au final je n'ai pu faire que
le minimum, c'est-à-dire 6 courses tout comme l'an passé ! Avec le triathlon et je n'ai pas réussi à faire plus.
Du coup, je me suis retrouvée « en sursis » en fin de saison avec une blessure coriace que j'ai trainé depuis le trail de Manigod dans les Alpes et qui m'a suivi des mini Crêtes Vosgiennes à mon dernier
triathlon au Pays Basque !
Je me voyais déjà renoncer au Trophée des Vosges une saison encore. Aucun médecin ni kiné n'arrivant à mettre un mot sur cette blessure, j'ai donc continué à m'entrainer et à courir en compétition pendant un mois car cela ne s'aggravait pas... Jusqu'au moment où réellement cela a finit par m'handicaper lors du dernier triathlon en septembre. Lorsque l'on a trouvé ce que j'avais, j'ai dû arrêter la course à pied pendant 2 mois, le vélo et la natation pendant 3 semaines. J'ai donc repris la course 10 jours à peine avant la montée du Wintersberg soit avec quatre petits footings allure "mémé" très pénibles ! J'ai vraiment hésité à prendre le départ dans ces conditions mais comme le ridicule ne tue pas (et qu'on en vit qu'une fois !) et que je suis quelqu'un qui va au bout des choses, j'ai pris le départ de la course. |
![]() |
![]() |
Cela fait maintenant 2ans que tu arrives à enchainer un début et une fin de saison de course en montagne à travers le Trophée des Vosges et une saison estivale de Triathlon. Arrives-tu à trouver un complètent entre les 2 disciplines ? Ou penses-tu qu'il faudrait que tu te concentres sur l'une ou l'autre discipline, ou au contraire souhaites-tu aller vers d'autres sports outdoors ?Ce qui est sur c'est que c'est comme ca que j'aime ma vie d'athlète et que j'y suis pleinement épanouis. Je ne me verrais pas faire que tu triathlon ou que du trail... du moins pas pour le moment ! Les deux m'apportent un équilibre dans ma vie personnelle comme dans ma vie de sportive. Je n'arrive pas à me considérer comme une triathlète à 100%, ni comme ou traileuse à 100% mais un peu des deux ! Je ne m'entraine absolument pas pour le trail mais ma préparation est axée sur le triathlon. Le trail je fais cela « comme ca » même si une fois dans la course, je me prends au jeu. |
Pourquoi cette envie de courir et de pratiquer la montagne ?Tout simplement à cause des montagnes, de la magie et de la beauté qu'elles dégagent ! Je vais en montagne depuis le plus jeune âge pour les vacances, été comme hiver. J'ai pratiqué le ski alpin en compétition également. Et puis avec mon père j'ai découvert la haute montagne (et mon premier Mont-Blanc cet été) et les sommets à ski de randonnée. C'est très plaisant et c'est encore une autre vision de la montagne que lorsque l'on court ou que l'on skate. En montagne j'aime l'idée que comme dans la vie rien n'est jamais acquis... tu peux partir faire un sommet à 7h le matin et devoir y renoncer 3h plus tard parce que les conditions se gâtent. La montagne a toujours le dernier mot ! C'est un peu contradictoire car si la montagne t'apprend à renoncer, en tant qu'athlète, quand tu cours en compétition, le renoncement et l'abnégation sont deux « principes » qui te font avancer. Pourtant dans la vie comme dans le sport il faut parfois savoir renoncer pour mieux avancer. C'est une des choses que ce que la montagne m'a apprise. Enfin j'aime l'image d'humilité qu'elle nous renvoie... parce qu'en montagne comme dans la vie il faut savoir rester humble. |
![]() |
![]() |
Basculeras-tu à terme sur le trail et des épreuves plus longues (50km), comme les Ultras (100km) ?Oui, c'est certain ! Souvent je me dis que lorsque je ne serai plus heureuse dans le triathlon, qui reste quand même le sport pour lequel je m'entraine aujourd'hui, je passerai au trail. Dans tous les sports que j'ai pratiqués, j'ai arrêté le jour ou j'ai cessé de me faire plaisir à l'entrainement et en compétition. Je veux garder cette « ligne de conduite ». Je pratique le triathlon mais j'ai parfois du mal à me reconnaitre dans la mentalité qui émane de cette discipline. Bien sur je ne généralise pas, je pense plus me rapprocher dans la mentalité trail. Il y a à mon sens beaucoup de «prétention et prétentieux » dans le tri. Moi qui ai plutôt tendance à manquer de confiance en moi, on va dire que ca c'est pas du tout mon truc ! Au contraire j'adore la simplicité de Stéphane Brognard (même s'il est un peu atypique), de Kilian Jornet (même si lui est carrément foufou) ou encore Emilie Lecomte (très posée) et Anna Frost ! Pour moi ces personnes incarnent l'image de « vrais athlètes », simples, humbles, performants, épanouis et heureux dans le sport qu'ils pratiquent... bref, tout ce à quoi j'aspire ! Il y a peu de triathlète pro qui me fassent vraiment « rêver » aujourd'hui. Cela n'enlève en rien au fait que le triathlon reste un beau sport. |
Il y a par exemple le label « découverte » qui convient parfaitement à un sportif qui ne s'entraine pas dans un club et qui veut découvrir les joies de ce sport !
Il y ensuite les épreuves dites courtes distances (CD : 1.5/40/10 [natation/vélo/course à pied]) et sprint (700/20/5) qui sont celles que l'on voit sur les circuits de Coupes de Monde,
Coupe d'Europe et Grands Prix… un peu les épreuves « officielles » ! Ce sont des épreuves assez rapides où il peut y avoir du drafting à vélo (c'est le cas sur les circuits Coupe du Monde,
de France etc. !) Ces épreuves sont aussi accessibles à des triathlètes qui débutent mais il faut un minimum d'entrainement quand même.
Ensuite il y a les épreuves de « longues distance » : half, longue distance (LD) et Ironman. Là c'est une autre musique !! Il faut être préparé et assez complet dans au moins 2 des 3 disciplines...
les distances sont variées selon les épreuves.
Par exemple un Ironman c'est 3.8km de natation, 182km de vélo et 42.195km en course à pied pour terminer ! Un half c'est la moitié !
A coté de cela il y a aussi les duathlons (enchainements course à pied/vélo/course à pied) avec des épreuves aussi officielles comme les Grands prix en France, les circuits de Coupe d'Europe, du Monde, les championnats de Frances. Bref, la même chose qu'en triathlon sans la natation ! Enfin d'autres disciplines ont émergé comme l'aquathlon (enchainement natation course à pied), le Bike and Run (VTT et course à pied par équipe de 2) et l'XTerra, un mélange de trail/triathlon où le vélo de route est remplacé par un VTT et la course à pied sur des terrains profilés trails. |
![]() |
![]() |
Ma 2ème place au Trophée des Vosges... c'était un mauvais souvenir surtout la manière dont cela s'est terminé au Wintersberg ! Dès le départ j'ai sentis que ca n'allait pas mais je me suis accrochée tant bien que mal.
J'étais là avec la tête qui voulais avancer mais les jambes qui faisaient du surplace et tout le monde qui me dépassait. Je pense que nous avons tout connu un jour ce sentiment là mais là il tombait mal. Et pour
agrandir ce grand moment de frustration, ma super partenaire d'entrainement (« Ma star » alias Delphine !) s'est « sacrifié » tout au long de la course en me faisant lièvre pour que je ne lâche pas totalement.
Ce jour là je n'ai pas pu «lui rendre » et j'étais vraiment en colère contre moi ! Elle avait des jambes, elle aurait pu partir et me laisser mais elle restée jusqu'au bout.
Mon titre de vice-championne d'Europe cette année à Barcelone (catégorie amateur en longue distance) et non pas « championne » tout court après être tombée malade 2 jours avant la course. Repartir d'Espagne avec le sentiment de n'avoir pas pu tout donner alors que c'était mon objectif de saison, ca laisse « amer ». Mais on ne peut pas tout maitriser dans le sport. Mes meilleurs souvenirs en 2012 restent ma première victoire en trail (à Rouffach), mon titre de championne de France de longue distance à Calvi (catégorie amateur) devant des élites et après être sortie 13ème de l'eau (avec plus de 10 minutes de retard sur la première féminine). Et puis notre arrivée main dans la main avec Delphine l'an passé aux courses de la colline à Niederhausbergen. Après avoir passé la course à se dépasser et se repasser nous nous sommes finalement attendues. C'était une belle arrivée. Et le sport pour moi c'est aussi ces moments de partages et de complicités. |
S'il est vrai que la technique n'est pas la même sur le vélo à la nage ou en courant, l'avantage est qu'il y a quand même des adaptations et des « transferts » d'une discipline à l'autre.
La où cela se complique c'est bien sur en natation car c'est un sport technique et c'est vrai que n'étant absolument pas nageuse (ni trop doué pour cela) je délaisse davantage cette discipline.
Etre nageur en triathlon est un gros avantage car sortir en tête de l'eau ou dans les premiers paquets c'est bien pour la confiance, pour la gestion et pour la suite de la course. Mais sur le longue distance
cela est un peu moins vrai et heureusement pour moi. La natation étant vraiment mon point faible, je sors toujours très loin des premières mais au final je me rattrape largement sur le vélo puis j'arrive à
maintenir plus ou moins ma place en course à pied.
Je nage 2 à 3 fois par semaine maximum et pour ce qui est des deux autres disciplines je fais moitié moitié. Cela me va très bien ainsi.
Je préfère travailler le vélo et la course à pied car sur le longue distance elles sont plus importantes. Et là je dois et pense encore pouvoir faire des progrès beaucoup plus important qu'en natation !
Je pense qu'il n'y pas « d'entrainement type » mais à chacun de trouver sa propre façon de s'entrainer pour d'être bien « le jour J »... Certains auront besoin de beaucoup s'entrainer pour réussir, d'autres moins. Certains privilégient la discipline dans laquelle ils sont le plus faible. A chacun « sa formule magique » ! |
![]() |
![]() |
D'abord d'un point de vu logistique et puis aussi pour les personnes que j'appréciais dans le club dans lequel j'ai été depuis mes débuts (mais avec qui je continue de passer du temps hors sport !)
Avec le recul, je suis très heureuse comme cela et je n'ai aucuns regrets.
Le plus dur c'est le fait d'aller s'entrainer seule, tous les jours, tout le temps, par tous les temps et parfois deux fois par jour. Mais une fois que je suis à l'entrainement je ne pense plus à tout cela.
Il faut de la motivation. Et dans ces moments là la seule chose qui m'anime vraiment c'est de me dire qu'en compétition tu es aussi seule. Alors autant s'y habituer.
Heureusement que de temps en temps j'ai quand même un ou une super partenaire d'entrainement ! Et pour le coup j'apprécie beaucoup ces deux personnes, à la fois pour leur mentalité, leur niveau sportif et leur humilité. La saison qui vient de s'écouler je l'ai faite à Anglet France Triathlon (Pyrénées-Atlantiques) qui est le club de mon coach. J'y ai passé une superbe année. J'ai fais quelques courses là bas, je suis partie en stage également dans le coin et ce fut vraiment de chouettes moments à chaque foi que j'y étais. Une belle saison pleine de belle rencontre ! Et puis je pense que cela a vraiment renforcé notre complicité et entente avec le coach. Cette année j'ai choisi de rejoindre la D1 de duathlon à Val de Gray (Haute-Saône) pour voir autre chose. Le club est sympathique aussi et il y a une bonne ambiance. Je ne me focalise pas sur les manches de D1 à 100% mais je pense que cela peut être intéressant de courir en division 1 pour le niveau, pour le mental et bien sur l'aventure d'être avec une équipe de filles ! |
Tout est une question d'équilibre à trouver, de juste milieu pour trouver sa place au milieu de ce « tryptique ». Essayer de ne pas en faire trop dans le sport pour laisser quand même de la place à une vie personnelle :
les ami(e)s, la famille les sorties. Bref, à une vie sociale ! J'essaye bien évidemment de faire en sorte que la pratique du sport ne prenne pas le dessus sur ma vie professionnelle ! Cet équilibre je l'ai vraiment trouvé
depuis deux ans et j'espère continuer sur cette lancée. Et puis je ne me priverai jamais d'une sortie, d'une soirée ou d'un restaurant la veille d'une course « parce qu'il y a course » ! Il faut vivre. Vivre d'autres
choses et moi je ne vivrai jamais du sport (d'ailleurs ca ne me plairait pas !).
Le volume de l'entrainement dépend surtout de mes dispos, du planning au travail, de la période de la saison. Il y a des semaines où j'en fais moins, d'autres ou je mets les bouchées doubles ! Mais c'est rarement la même chose deux semaines d'affilées ! Je fais surtout des matins pour le moment donc je me lève tôt et cela me laisse mes après-midis et mes soirées même si il n'est pas toujours facile d'aller s'entrainer surtout l'hiver avec la fatigue, les conditions climatiques Alsaciennes etc. mais il faut croire que j'aime cela. Cela demande des sacrifices, on ne peut pas le nier. Mais je ne les vis pas comme des contraintes parce que j'aime vraiment ce que je fais. Mon métier, ma vie, ma pratique sportive. Si je n'ai vraiment pas envie d'aller m'entrainer ou de faire une séance je vais faire autres choses et tant pis... avant j'en aurais culpabilisé mais aujourd'hui je ne vois plus les choses ainsi ! Ces dernières années le sport m'a appris à être à l'écoute de mon corps, de mes sensations. On ne se blesse jamais par hasard, on ne tombe pas malade par « malchance ». Je pense que c'est toujours le signe d'une défaillance du corps et d'un message qu'il nous envoie. Il faut savoir l'accepter. On ne sera pas moins bon par la suite et le fait de renoncer ne nous rend pas faible pour autant. Et même si ceux qui me connaissent « je garde toujours un brin de folie », j'ai quand même appris cette sagesse avec le temps. |
![]() ![]() |
![]() |
Quels seront tes objectifs 2014 ?A la fin de la saison de triathlon en Septembre (et peut être dans « l'euphorie des bons résultats !), je comptais axer 2014 sur le triathlon et le duathlon. Et puis je suis partie courir en montagne il y a quelques semaines et en rentrant j'ai encore chamboulé mes plans ! Je ne ferais sans doute plus le Trophée des Vosges mais je veux continuer le trail. Je n'ai pas encore tout à fait déterminé le calendrier et les objectifs de 2014 mais je serai présente sur 3/4 manches de D1 duathlon avec le Tri Val de Gray, au triathlon de Gérardmer (sur le longue distance) et aux championnats de France de triathlon longue distance. Je reste sur le longue distance et peut être je tenterai ce format en duathlon. Coté trail rien n'est décidé non plus mais je serais sur la Sainté-Lyon en décembre 2014, sur un KMV, une course de Sky-Running et quelques trails du massif Vosgien. Comme tous les ans je ferais les courses au hasard du calendrier et de mes envies « de dernières minutes » comme je l'ai toujours fait, car je crois que cela me va assez bien comme cela finalement ! Comme dit mon coach, je suis capable du meilleur comme du pire. Donc il est probable que je change totalement d'avis sur la programmation de mes courses et que je me lance dans une épreuve totalement imprévue... rien ne sert de trop programmer à l'avance ! " Le moment donnée par le hasard vaut mieux que le moment choisi " (Proverbe Chinois !) |