Après quelques années de pratique du trail et un bon "background" sportif, comment as-tu préparé cette saison dédiée à l'ultra ?Cette saison était charnière. Ma pratique depuis 2-3 ans basculait du loisir sportif vers un mode de vie à part entière. Je ne m'entraînais plus, je me réalisais en me baladant. Le tout était d'arriver à évoluer sans efforts, sans heurts, de manière très fluide en me concentrant exclusivement sur ce qui se passe dans mon corps, ma gestuelle, ma respiration et le mètre carré devant moi. Ainsi je me suis rendu compte que cette manière de pratiqué était peu consommatrice d'énergie, c'est pourquoi courir entre 15 et 30 heure par semaine ne me pose aucun problème. Et c'est ainsi que toute ma saison s'est déroulé sauf les semaines des épreuves où je calmais le jeu pour être frais au départ. J'avais calé après la Transjurassienne (ski nordique), 4 ultras (discipline qui me ressemble car je suis un "pas vite mais tout le temps") : Le Trail du Vulcain en mars, l'Utop à Madagascar en mai, le Lavaredo Ultra Trail fin juin et l'UTMB fin aout. Un tous les deux mois me semble la bonne dose. La préparation globale s'est faite en hiver avec le ski, sinon c'est courir tous les jours avec une séance par semaine de vélo, natation et ski roue. |
A l'arrivée de l'infernal trail 160 de 2012 Loïc (CLAP et maintenant Alabama Production) est venu me voir pour faire un petit reportage de 5mins qui serait diffusé dans les Vosges.
Après la première rencontre et une bouffe dans ma cabane plus tard il me rappelait et me proposait de tourner un documentaire, car il pensait qu'un bonhomme de mon genre pouvait intéresser
(la différence attire la curiosité diront nous). Mais voilà une association et leur statut étudiant ne leur permettait pas de faire face aux coûts, donc une souscription ULULE s'est mise en place.
Ils m'ont suivi de partout pour percer le mystère sur l'atypisme du gaillard. Je t'avoue qu'au début j'étais perplexe mais Loïc sous ses airs négligeant a mené le projet avec une maîtrise et un professionnalisme impressionnant pour un gamin. "Quand on veut on peut" lui va à merveille, sans compter que tous les membres de l'équipe autour de lui sont devenus de vrais potes, car te farcir un tonton, un pete, un punerot, etc, faut être accroché ! Le résultat je l'ai découvert comme tout le monde le jour de l'avant-première à St-Dié. Je dois dire qu'ils sont très fidèles à ce que je suis. Dans l'aventure je ne peux passer sous silence la rencontre avec Mathieu (des bosses et des bulles) qui en plus de faire l'affiche, m'a fait rencontrer un ské (sacré en vosgien) gaillard.. |
Tu dis une chose qui me semble essentielle dans le documentaire pour éviter les blessures, se faire plaisir dans la discipline et durer : « ne pas se limiter à la course à pied ! » Renforcer les cages articulaires et les muscles périphériques par la pratique d'autres sports, comme la natation, le vélo, ou la randonnée avec un sac de 8 km sur le dos. As-tu d'autres conseils à partager ?Tout est dit ! A l'usine la personne qui fait tous les jours la même chose se blesse et en plus elle le fait en aillant la tête ailleurs parce que c'est chiant ce qu'elle fait. Si tu t'entraînes en faisant toujours la même chose et le cerveau au vestiaire ou dans tes soucis, ou dans autre chose que ce que tu es en train de faire parce que c'est chiant, ça fini mal… Donc moi je cours, je cours, je cours, et je fais autre choses, mais surtout je ramène sans cesse mon esprit dans ce que je suis en train de faire. |
Mais voilà pour progresser, pour performer en compétition il faut se fier qu'à soi-même, et si de temps en temps tu veux te faire remettre l'église au centre du village, tu vas avec des gars qui sont meilleur que toi. Ce qui est mon cas, quand je fais du vélo je vais avec des cyclistes costaud et je suis leur victime, une fois, deux fois et la troisième je fais tout pour laisser ma place de victime de la sortie à un autre… Il en est de même quand quelques fois je pars courir avec Benoit Thierry, Léo Bechet, Matthieu Brignon, François Faivre, Julien François etc ils ne font pas de cadeau et si je veux boire la bière à la fin de la sortie avec eux j'ai plutôt intérêt à me remuer. Et c'est pas parce que l'homo sapiens sapiens occidental moderne veut vivre de chouchoutage, loisir et j'en passe, que ceux qui veulent être "meilleur que la veille" n'ont pas le droit de perpétuer la tradition du 'gout de l'effort" et du "meilleur grâce à l'autre".. C'est pourquoi le mercredi, ceux qui veulent de ce nectar, viennent et je tente de les tirer vers le haut plutôt que de niveler vers le bas.. |
Tu fais partie de l'organisation du Trail des Roches, qui pour son 10ème anniversaire a rallongé son trail à 73km pour 3400m de dénivelé positif, gardant la version découverte à 19km pour 900m d+. Peux-tu nous présenter ces 2 épreuves ?Pour 2014 la formule restera la même. 19kms, 970D+ dans le massif de l'Ormont et 73kms, 3400D+ entre Kemberg et l'Ormont. Alors oui nous avons voulu proposer autre chose pour changer et surtout emprunter les différents massifs déodatiens. Le 73kms peux se faire en relai par deux, 32kms pour le premier et 41 pour le second. |
Je pense que même si ce sont des Alsaciens (ndlr : pas que j'espère) qui lisent cette interview je pense qu'ils auront remarqué que la ligne du dessus était de l'humour.
Alors bien sûr que l'UTMB reste la course phare de la saison et je tenterais d'être au top fin Août pour faire plaisir à tous mes potes. Mais la phrase qui dit "L'ultra c'est plus fort que toi" est toujours d'actualité quand je prends le départ d'une course et qu'il n'y a pas de malin dans ce sport. Merci de l'attention que tu me portes, continu le plus longtemps possible le travail remarquable que vous faites sur l'Alsace en courant. Merci à toi Stéphane ! Poursuis également ta passion et ton mode de vie. Rendez-vous donc mercredi soir au lieu-dit "Trois Fauteuils"... |