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Interview de Jean Schuller - Finisher de l'Infernal Trail des Vosges (160km)


Bonjour Jean. Peux-tu te présenter en quelques mots ? Quel est ton parcours sportif ?
J'ai 38 ans. Je me suis mis à la course à pieds sur le tard, il y a 8 ans, après avoir arrêté de fumer et après une année de natation. J'ai commencé par 2 footing hebdomadaires, puis je me suis inscrit à des courses sur route. D'abord des 10 kms, mais le rythme ne me convenait pas. Ensuite des semi-marathon qui correspondaient plus au type d'effort que j'appréciais. Enfin, en 2009, j'ai découvert le trail avec un 58kms dans les Vosges (Trail de la Vallée des Lacs). Depuis, j'enchaîne les trails de la région (Petit Ballon, Pays Welche, Grand Défi des Vosges, Kochersberg) avec même une incursion à Chamonix pour la CCC en 2011.
Comment s'est passée ton Ultra à l'Infernal ?
J'ai vécu une course contrastée qui a connu un dénouement inattendu. Résigné à en baver dès le départ, j'ai cassé un bâton lors d'une chute au 20ème km et, après une montée particulièrement pentue que j'ai grimpée à un rythme trop soutenu, j'ai vomi dès le 25ème km. A partir de ce moment-là, je me suis dit que les heures à venir me paraîtraient particulièrement longues… Au ravitaillement du 30ème km, j'ai pensé abandonner, mais je me suis repris en pensant que si un abandon devait intervenir, ça ne pouvait pas être aussi proche du départ. Le jour s'est levé. Je me suis senti mieux, même si j'avais toujours des problèmes pour m'hydrater et m'alimenter. Au 60ème km, nouvelles nausées. Heureusement, ça s'est passé en présence d'une équipe de secouristes. J'ai eu droit à une potion magique : un jus d'ananas maison dans lequel avaient été dilués plusieurs sucres. Pour moi ça a été un nectar et ça m'a permis de repartir. Ensuite, j'ai petit à petit réussi à nouveau à boire et à manger et je n'ai plus rencontré de problèmes gastriques jusqu'à l'arrivée. Au ravito suivant, j'ai dormi 5 minutes, ce qui m'a permis de récupérer de façon étonnante. Je suis parti avec les serre-files (i.e. la voiture balais) et j'ai réussi à reprendre un bon rythme. Arrivé au ravito du 96ème km, après 24 heures de course dont les 2 dernières heures sous un orage, je me suis accordé une pause plus conséquente : un repas de pâtes, une douche et 15 minutes de sommeil. Je suis reparti en ayant l'impression de commencer une nouvelle course, (presque) frais et dispo. Il était 2h du matin, mais la pluie s'était arrêtée de tomber. De plus, les 100 bornes étaient à 4 kms et alors, mon objectif serait rempli. A ce moment-là, j'étais le dernier et je flirtais avec les barrières horaires. Je me suis mis à accélérer et à partir de 6h du matin, j'ai commencé à rattraper d'autres concurrents. J'ai ensuite gardé ce rythme jusqu'à l'arrivée, pour finir 76ème sur 91 et conserver 3h d'avance sur l'horaire limite.
Quelle a été ta préparation pour cet ultra et quelles étaient tes ambitions au départ de l'épreuve ?
J'ai pris le départ de cette course sans grande motivation, mais dans l'intention d'accompagner Gilles le plus loin possible. Ma seule ambition était de dépasser la barre des 100kms (mon record), même si je n'étais pas très confiant sur mes chances d'y arriver. Pendant mes vacances qui ont précédé la course, je ne me suis pas préparé comme je l'aurai voulu : peu de dénivelé et des sorties relativement courtes (en moyenne 2 par semaines). Je pense que j'ai bénéficié de mon foncier (je cours 2 à 3 fois par semaines depuis des années) et surtout, je n'avais aucune pression en prenant le départ : je m'étais mis dans la peau d'un coéquipier et n'imaginais pas finir. Donc à chaque kilomètre de parcouru, c'était cela de gagné et je ne me suis jamais senti concerné par la distance restant à parcourir, hormis une fois dépassé le 122ème km.
Quelles sont les erreurs à ne pas commettre sur ce type d'épreuve ?
Je pense qu'il faut éviter de partir trop vite et bien veiller à toujours s'économiser. Il faut également éviter d'innover en matière d'alimentation et de boisson et ne pas hésiter à profiter des ravitos pour se requinquer.
Quels autres conseils donnerais-tu aux coureurs qui souhaitent se lancer sur de si longues distances ?
L'entraînement au trail peut comprendre de multiples activités : la sortie longue en montagne est un must, mais une bonne rando ou une sortie VTT sont des activités complémentaires.
Quel va être ton programme de fin d'année et 2014 ?
La Saintélyon (le 8 décembre 2013) si j'arrive à trouver des compagnons motivés et plus probablement, le Défi des Seigneurs à Niederbronn en avril 2014.
Merci Jean pour se témoignage et bonne continuation dans la pratique du Trail et de l'ultra !

Interview réalisée par Nicolas Fried.

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