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Le 2 juin prochain se déroulera lors de la Montée du Grand-Ballon les championnats de France de course en Montagne 2013. L'occasion de rencontrer Julien Rancon, parrain de l'épreuve et double champion de France de course en montagne (2007 et 2012) qui y défendra son titre. (Interview en partie publiée dans Zatopek Magazine N° 26 - Interview complète ci-dessous)

Interview de Julien Rancon - Mars 2013


Bonjour Julien. Champion de France en titre et double vainqueur de la Montée du Grand-Ballon, quelle fut ta réaction lorsque tu as appris que les prochains championnats de France de course en Montagne se dérouleront le 2 juin au Grand-Ballon ?

[Julien] C'est vraiment une nouvelle qui m'a réjoui car la montée du Grand Ballon est une course que j'apprécie beaucoup. D'autre part j'ai beaucoup d'amitiés pour Jean-Alain Hann et l'organisation s'est beaucoup investie et mobilisée ces dernières années pour en faire une course phare du calendrier mondial. Cela me parait donc être une juste récompense, d'autant que c'est la course phare du calendrier montagne au niveau national. C'est vraiment une bonne chose pour la discipline d'avoir une épreuve de cette envergure en France. Enfin, je trouve que le parcours est vraiment le format idéal pour une course en montée que ce soit pour les hommes et les femmes, et ce parcours nécessite les qualités essentielles du coureur de montagne. Je suis donc certain que ce sera un beau et grand Championnat de France.

Montée du Grand-Ballon 2013


Avec Jean-Alain Haan, lors de sa 2ème victoire
au Grand-Ballon en 2010

Tu as même récemment été nommé parrain de l'événement !

Oui Jean-Alain m'a proposé de devenir le parrain de la course et c'est avec grand plaisir que j'ai accepté. D'une part par amitié, car depuis toutes ces années nous avons tissés des liens forts; mais aussi parce que cette course représente bien l'essence de la discipline "course en montagne". Cette course fait grandir la course en montagne en France et tire la discipline vers le haut; et même si je ne suis pas Alsacien, c'était important d'y apporter mon soutien. De plus c'est aussi une grande fierté d'avoir pu inscrire mon nom au palmarès.

Également manche des championnats du Monde de la spécialité, le plateau sera encore une fois des plus relevés cette année. Avec les meilleurs mondiaux et l'élite français au départ, la manifestation organisée par Jean-Alain Haan et l'équipe de l'US Thann va être une grande fête du sport en montagne.

C'est exactement ça, c'est vraiment ce que doit être une telle épreuve, cette manifestation doit être une grande fête de la course en montagne, d'autant plus avec le championnat de France. Le niveau sera vraisemblablement encore plus élevé que les autres années car tous les meilleurs français seront là en plus des coureurs étrangers, et quand on est compétiteur, on ne peut que s'en réjouir. En course en montagne on peut vraiment se féliciter d'avoir un circuit qui regroupe tous les meilleurs, ce qui n'est pas le cas dans d'autres disciplines. Et puis malgré ce niveau mondial, la course reste ouverte à tous, quel que soit son niveau, et c'est une grande chance de mêler l'élite au reste du peloton, peu de disciplines permettent ce mélange.

L'équipe de France lors des championnats du Monde 2012 en Italie (Photo : DR).

Quels seront, selon toi pour les Frances, les principaux favoris chez les filles et les garçons ?

Il est encore un peu tôt pour avoir une idée du niveau de forme de chacun. Chez les filles ce serait un grand plaisir de revoir Marie-Laure Dumergues revenir à son meilleur niveau mais il y aura beaucoup d'autres prétendantes, Adélaide Panthéon, Aline Camboulives....il est très difficile de citer des noms.

Chez les hommes, la bagarre s'annonce d'ores et déjà somptueuse avec le retour de Raymond Fontaine et de tous ceux qui ont animé la discipline ces dernières années : Didier Zago, Manu Meyssat, les frères Burrier, Said Jandari....; avec l'arrivée de petits jeunes qui poussent : Renaud Jaillardon, Benjamin Bellamy..., sans oublier l'arrivée de nouvelles têtes. La liste est longue et les places risquent d'être chères!

En lutte avec Edouard Burrier en 2009 (© Photo N. Fried)
Georges Burrier, récent vice-champion interrégional de cross, place cette montée comme son prochain objectif. Plusieurs fois sur le podium de la course, de multiples sélections en équipe de France comme toi, mais jamais médaillé aux Frances, il espère bien briller cette année près de chez lui. Le format montée pur devrait mieux lui convenir (ndlr : les championnats de montagne sont organisées soit sur montée uniquement soit en montée descente). Toi qui connait bien cette montée du sommet des Vosges, comment analyses-tu le parcours et les qualités nécessaires pour l'importer ?

C'est vrai que c'est un parcours qui correspond bien à Georges et ce serait vraiment une juste récompense qu'il monte enfin sur le podium d'un France, c'est même incroyable qu'avec son niveau il n'y soit pas encore parvenu. En tout cas il a vraiment toutes les qualités pour réussir une grande course au Grand Ballon, il va vite sur le plat et c'est un excellent grimpeur. Ce sont essentiellement ces deux qualités qui sont nécessaires sur ce parcours. Il faut savoir courir vite car le départ est rapide et la piste forestière au-dessus d'Altenbach est assez roulante. Mais il faut aussi grimper fort dans des portions plus raides au niveau de Goldbach et sur le sommet. De plus même si les 2 petites descentes (sur Altenbach et à l'arrivée) ne sont pas difficile à négocier elles nécessitent de brutaux changement rythme et c'est en ça que le parcours est atypique. Il faut donc être relativement complet pour prétendre à la victoire et il faut avoir un gros "moteur" car il n'y a pas de difficulté technique.

En convalescence l'année passée à la même époque, suite à une opération, tu as su revenir en forme et t'imposer lors des Frances 2012 à Gap. Comment te sens-tu en se début de saison et comment vas-tu préparer cette échéance alsacienne ?

Cette année pour l'instant ma préparation se passe pour le mieux. En ce début de saison je voulais retrouver des qualités de vitesse. J'ai participé aux régionaux de cross et le semi-marathon de Paris début mars (ndlr : 11ème en 1h05'53''). Après plusieurs années à faire des courses plus longues en trail, ce travail m'a paru primordial, à la fois dans l'optique du Grand Ballon mais aussi pour la suite de la saison et des saisons à venir. Je vais donc commencer à greffer du travail spécifique dès la fin du mois de mars ou début avril. En tout cas c'est vraiment plaisant d'avoir un peu de temps devant soi pour se préparer car c'est vrai que l'an dernier les jours étaient vraiment comptés même si cela s'était dénoué de la plus belle des manières!
En 2012 lors de sa victoire aux Frances de Montagne à Gap (Photo DR)

Depuis quelques années tu t'es aussi lancé dans les Trails (Champion de France Trail Court en 2010, champion de France Trail en 2011), sans pour autant abandonner les grands championnats de course en Montagne. En octobre dernier tu as décidé de rallonger encore les distance en participant pour la première fois à la Course des Templiers (72km et 3000m+). Pour cette première expérience, tu termineras 5ème et peut-être un peu déçu. Comment gères-tu ta saison entre 2 disciplines à la fois proche et très différences sur le type d'effort et leur préparation ?


Templiers 2012 (Photo : JL Bal - www.skiandrun.fr)
Oui les deux disciplines sont proches dans le sens du terrain et de la nature mais tout de même différentes physiologiquement. L'an dernier j'ai eut une longue période de blessure et je n'ai pu faire beaucoup de volume en début de saison. Je me suis donc cantonné aux courses de montagne classiques dans un premier temps. Cela m'a donné une excellente base pour la fin de saison en trail, je n'ai eu qu'à rajouter du volume. Je suis et reste persuadé que la course en montagne est vraiment un atout pour la pratique du trail. D'ailleurs beaucoup de coureurs de trail passent ou sont passés par la montagne.

D'aller du court vers le long c'est assez facile à gérer. L'inverse l'est un peu moins et quand il faut mélanger les deux dans un intervalle de temps relativement court ça devient plus compliqué. Mais c'est un challenge passionnant que d'essayer de trouver une certaine polyvalence. C'est vraiment une question de gestion des différentes phases d'entrainement et de récupération.

Pour en revenir aux Templiers, il est évident que je suis déçu car je pense vraiment que je pouvais faire mieux. J'ai mal géré le froid et la consommation calorique qu'il engendre et j'ai vraiment finit difficilement à cause de ça, car j'avais vraiment de très bonnes jambes. C'est une leçon à retenir.

Dans le dernier "Trail Endurance Mag" (#97), Thierry Breuil, lui aussi venu de la piste et de la course en Montagne au Trail, indique : "Pourquoi Julien Rancon est si réfractaire à venir sur trail ? Parce qu'il sait qu'il va perdre beaucoup de ses qualités de départ, tout cet amour qu'on a bâti autour du chrono, des meeting sur piste... il faut accepter de tout perdre pour gagner en trail". Alors selon toi peut-on être performant dans les 2 disciplines ? Ou faut-il vraiment faire un choix ? et quel sera le tien ?

Je suis d'un côté d'accord avec Thierry et de l'autre pas. Il est évident que le passage sur de longues distances en trail nécessite de travailler essentiellement sur les qualités d'endurance et d'endurance musculaire au détriment des qualité plus athlétiques. Par contre ce qui fait souvent la différence en terme de performance ce sont ces même qualités athlétiques. Donc pour moi il est indispensable d'essayer de les préserver au maximum. A chacun d'organiser sa saison de manière à ce qu'il y ait un temps qui permette de garder ces qualités. Il est évident que quelqu'un qui veut faire et fait du "long" toute l'année va perdre ses qualités de "vitesse" mais c'est seulement son propre choix personnel, et ce n'est pas le mien. Je préfère dans une même saison alterner des courses courtes et plus longues afin d'entretenir ces qualités tout en essayant d'être performant en trail. Je trouve cela passionnant que d'essayer de bien articuler l'entrainement pour permettre cette polyvalence. Et je pense sincèrement que dans les années à venir les coureurs aux meilleurs qualités athlétiques seront devant. Je me questionne d'ailleurs souvent sur les gens qui font du long toute l'année ou sur les jeunes qui se lancent très tôt sur l'ultra. Je ne pense que soit la solution pour devenir le plus performant possible, bien au contraire.

Donc non il ne faut pas accepter de tout perdre pour gagner en trail, au contraire il faut essayer de préserver au maximum ses qualités athlétiques et pour cela le choix c'est simplement d'organiser harmonieusement sa et ses saisons. Pour ma part je continuerai à faire comme je l'ai fait ces dernières années: un mixte de court et long. Personne n'oblige les gens à aller systématiquement sur le long et surement pas les médias ou les sponsors. Il ne faut vraiment pas avoir de complexe à faire des courses courtes.
Installé à Chambéry, tu t'es lancé dans le coach sportif en créant l'entreprise RACES (Rancon Accompagnement et Conseils en Entraînement Sportif - www.julienrancon-races.fr) destinée aux coureurs de tous niveaux. Proposes-tu un programme d'entrainement spécifique pour préparer le Grand-Ballon ? Quelles sont tes conseils ? (la course est ouverte à tous les coureurs).

Comme l'an dernier je proposerais sur le site de la montée du Grand Ballon un planning "type" pour préparer la course, même si je trouve qu'il est très difficile de trouver quelque chose qui convient au plus grand nombre. L'entrainement est vraiment quelque chose qui se doit d'être individualisé. Pour cela il faut me contacter pour quelque chose de plus personnalisé. Les axes de travail à privilégier pour une telle épreuve c'est le couplage VMA/VO2max et maintien d'endurance de force spécifique à la montée.

D'ici quelques semaines, l'organisation organisera sa traditionnelle reconnaissance officielle. Seras-tu présent ?

Oui à priori la traditionnelle reconnaissance aura lieu le jour de la date habituelle de la course c'est à dire le jeudi de l'ascension 9 mai et je devrais être présent.

(Photo : JL Bal - www.skiandrun.fr)

Ayant rejoint le Team Trail Adidas (avec nos jeunes alsaciens Olivier Miclo et Sébastien Spehler) et au-delà de ces Frances de Montagne quelles seront tes autres objectifs pour cette saison 2013 ?

Nous avons une totale liberté au sein du team Adidas et c'était très important pour moi, donc les objectifs 2013 n'ont pas changé avec ce changement de team. A priori il y aura le mondial de trail puis j'aimerais vraiment faire le mondial de montagne. Puis ensuite le France de trail et les Templiers pour la fin de saison. Donc encore une saison entre montagne et trail et toujours autant de plaisir.
Merci à Julien pour cette 2ème interview que tu nous accordes. Rendez-vous le 2 juin sur les pentes du Grand-Ballon !
>> Suivez Julien sur son Blog : julienrancon.sportblog.fr.

Interview réalisée par Nicolas Fried.

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