Les Interviews

Votre panier

Interview de Jacques Adam, Président du Spiridon Club d'Alsace


Bonjour Jacques. Natif de Saulxures-sur-Moselotte, où se déroule encore aujourd'hui la très relevée course des chamois, tu as un record au 10 000m (sur piste) de 33'10’’. Temps qui aujourd'hui en ferait rêver plus d'un ; et pourtant pas si exceptionnel pour l'époque, comme tu t'amuses à nous le rappeler. Mais tu n'as pas toujours fait de la course à pied. Tu as aussi été aussi un adepte du VTT.

A l’époque je faisais du VTT avec Eric Millet à l’ASPTT Mulhouse surtout sur des longues distances (Trace Vosgienne, Trans-Vôge Trace Jurassienne). Epreuves très populaires à l’époque. J’ai également fait du ski de fond (aujourd’hui un peu moins). Je dirai que je suis plutôt un « touche à tout » du sport : vélo, VTT, ski de fond, piste, en athlétisme cross, route, montagne etc… il manque le triathlon, je nage très mal, je ne m’y suis donc jamais risqué.


(Photo : N. Fried - Les hauts de Turckheim)



(Photo : N. Fried
Circuit des Grands- Crus)


Tu es aujourd'hui le Président du Spiridon Club d'Alsace, association organisant chaque année le Trophée des Vosges (TDV), challenge de courses en montagne, et les Crêtes Vosgiennes. Peux-tu nous présenter cette association et ces 2 événements intimement liés ?

L’association Spiridon a été créée dans les années 70, au niveau national et chaque région a créé sa section, le Spiridon Club d’Alsace est né en 1978, le Trophée des Vosges, l’année suivante en 1979 avec 6 courses (2 en font toujours partie : les Chamois et les Crêtes). Il a été redynamisé en 1993 avec la création du Marathon du Vignoble d’Alsace.

En 1996 l’Entente Colmar arrête l’organisation des Crêtes Vosgiennes, ne voulant pas voir cette course disparaître, le Spiridon a décidé de reprendre cette organisation avec le concours des organisateurs du Trophée des Vosges. Malheureusement, l’organisation du Marathon a du s’arrêter, l’équipe du Spiridon s’avérant trop petite pour 2 épreuves de grande envergure, il fallait faire un choix. L’opération a été périlleuse au début avec quelques « grincements » de certains organisateurs. Aujourd’hui avec le succès des Crêtes, des habitudes ont été prises, succès qui est aussi du au sérieux de chaque organisateurs.

Louis Spiridon était un marathonien grec qui devint le premier champion olympique du marathon lors des premiers jeux de l'ère moderne, en 1896 à Londres. Dans les années 1970/80 de nombreuses associations ont vu le jour et reprirent le nom de ce "héro" moderne de la course à pied. Peux-tu nous rappeler le contexte de cette époque ?

La FFA voulait interdire toutes courses hors stade (les femmes n’avaient pas le droit de faire plus de 3km, voir 800m...), il n’y avait pas de marathons sauf pour le championnat de France, les qualifications se faisaient sur le 20km piste. Les coureurs se sont ligués pour pouvoir courir comme bon leur semble. Les premières courses hors-stade : Millau (avec Serge Cottereau qui a été radié à vie de la FFA), en Alsace il y avait Jebsheim, le marathon de Neuf Brisach, le circuit du Vignoble à Rouffach, la course des 5 châteaux et les non licenciés y étaient acceptés.
C'est aussi à cette époque que de nombreuses courses en montagne virent le jour, surtout en Suisse. C'est d'ailleurs, Sierre-Zinal, la célèbre course des cinq 4000 dans le Valais, qui a inspiré Luc Malier (actuel vice-président du Spiridon Club d'Alsace) pour créer les Crêtes Vosgiennes. Te rappelles-tu comment sont nés le Trophée des Vosges et les Crêtes Vosgiennes ?

Le Trophée des Vosges est parti d’une idée de faire une traversée par étapes des Vosges du Nord au Sud, devant les difficultés l’équipe de l’époque avec Charles Duwig, Bob Towler, André Gantz et Jean Ritzenthaler ont préféré réunir les quelques courses en montagne de l’époque (Husseren les Châteaux, Les Chamois, Circuit du vignoble à Rouffach, Scherwiller, Les Bagenelles et les Crêtes Vosgiennes) en s’inspirant des courses C.I.M.E. sorte de championnat d’Europe des courses de montagne, une grande partie se déroulant en Suisse.

Après plus de 30ans, comment se porte l'association ?

L’association ne se porte pas trop mal, comme beaucoup d’autres, elle manque de bénévoles, grâce à sa section canicross elle s’est renforcée au niveau du bureau

Vois-tu à présent la course à pied et le monde associatif différemment ?

Il a un peu évolué, aujourd’hui les coureurs deviennent exigeants et pensent même parfois qu’on fait çà pour gagner quelque chose alors qu’en plus du temps que l’on passe on dépense souvent pas mal d’argent. Je crains qu’à l’avenir les grandes épreuves ne soient gérées que par de véritables entreprises avec une envolée des tarifs comme on le voit déjà sur certaines épreuves, ce qui malheureusement ne garantira pas la qualité de l’épreuve.



(Photo : N. Fried -
T. Lippi sur les Crêtes)
Il y a 16 ans, après 20ans d'organisation par l'Entente Colmar, le Spiridon reprend l'organisation des Crêtes, avec l'aide des autres organisateurs des courses inscrites au Trophée des Vosges? Comment gère-t-on aujourd'hui une course avec près de 1500 coureurs (sur 2 courses) dans un milieu aussi touristique et fragile que sont les Crêtes ?

Comme tu le dis, c’est surtout les contraintes du au milieu qui compliquent cette organisation, elles sont surtout d’ordre écologique et administrative. Il y a aussi la sécurité de plus en plus délicate, les autorités cherchant toujours à se couvrir. De nouvelles contraintes vont encore voir le jour….

Cette année vous avez décidé d'avancer la date des Crêtes d'une semaine.

Oui c’est à cause de l’organisation de la course cycliste des Ballons Vosgiens le dernier dimanche d’août et qui passe sur la route des crêtes à la même heure que les Crêtes Vosgiennes, pour éviter tout accident, il a été décidé de différer la date.

Depuis quelques années, tu es très impliqué dans le cani-cross. Tu es actuellement le Président d'un club local sous section du Spiridon Club d’Alsace (France3 avait même consacré un reportage sur le sujet). Depuis 5 ans la première étant au Frenz, une petite dizaine de courses cani-cross se sont greffées en parallèle des courses du Trophée des Vosges ou sur d'autres courses. Le Challenge Cani-Vosges (appelé depuis cette année Trophée des Vosges canicross) est apparu en marge du Trophée des Vosges. On avait même assister à un championnat de France Fédéral à Grendelbruch. Peux-tu nous faire partager ta passion pour cette discipline encore méconnue ?

Le canicross est une discipline qui consiste à courir attaché à la taille avec son chien. Par sa traction, il aide le coureur ; le gain de vitesse n’est pas négligeable (suivant la taille du chien ce gain peut être de 30 secondes à 1 minute au km). Il faut tout de même que le coureur puisse suivre les performances du chien. Il est bien entendu que la règle essentielle est le respect du chien, un règlement spécifique est appliqué pour éviter toutes dérives. Les sensations de vitesse sont amplifiées et les efforts partagés, on n'est jamais seul, le chien est toujours prêt à vous accompagner n’importe où et n’importe quand.

(Photo : N. Fried -
Cani-cross de
Grendelbruche

Le Trophée des Vosges fait peau neuve cette année avec l'arrivée d'un challenge Trail en plus du challenge Montagne traditionnel et du Cani-Vosges. Quelle a été votre motivation pour cette ajout ? Les trails se multiplient et ils rentrent parfaitement dans l’esprit que le Trophée des Vosges a toujours voulu développer. Qu'elle est ton ressenti par rapport à cette nouvelle discipline du Trail, qui est très à la mode ? toi qui pratique la course à pied depuis plus de 30ans ?

C’est un peu un effet de mode, le terme "trail" est un peu employé à toutes les sauces sur des distances de moins de 10km jusqu’à plus de 100 ou l’on rajoute "ultra" Le maître mot reste convivialité que l’on retrouve bien sûr à l’occasion des courses du TDV.

Par ailleurs vous allez proposer un questionnaire sur le Trophée des Vosges à tous les coureurs ayant pris part à ce challenge. Peux-tu nous en dire 2 mots ?

On entend des coureurs qui voudraient voir évoluer le Trophée des Vosges (souvent les mêmes) peut-être pour mieux y participer ou bien y revenir ou pour le gagner. Il serait donc bon de savoir ce que la masse des coureurs du TDV pensent du Challenge : ce qui est bien , ce qui ne va pas, ce qu’il faudrait changer ou ajouter etc …
Merci Jacques pour avoir pris le temps de répondre à nos questions et bonne continuation en tant que coureur et responsable associatif actif !


Interview réalisée par Nicolas et Céline Fried.

© 2007 - 2024 | L'Alsace en courant | Toute reproduction interdite sans l'accord des auteurs | Mentions légales | Développé par Nicolas Fried.