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Sylvie Koehler nous raconte son UTMB 2008


L'UTMB : l'Ultra Trail du Mont-Blanc. Doit-on encore le présenter ? Environ 166 km et 9 400 m de dénivelé positif à parcourir en moins 46 h autour du plus haut sommet d'Europe. L'épreuve créée en 2003 est rapidement devenue la référence en terme d'ultra-trail (> à 80km), avec le Grand Raid de la Réunion. En 2008, il n'aura fallu que 10 minutes pour que la course affiche complet (limitée à 2300 coureurs) ! Mais cette course reste une épreuve extrême, seul 50% des trailers prennant le départ rallient Chamonix dans les limites horaires. Les organisateurs ont mis en place depuis quelques éditions une liste de courses qualificatives afin que les trailers puissent justifier d'une expérience en ultra-trail avant de s'inscrire. Par ailleurs, les organisateurs propose d'autres épreuves, plus courtes, plus longues, en équipe ou sur d'autres sentiers, afin de satisfaire un maximum de monde. Trois courses se sont donc rajoutées : La CCC ( Courmayeur - Champex - Chamonix) : environ 98 km pour 5 600 m de dénivelé positif en 26 h maxi ; à partir de 2008, "La Petite Trotte à Léon" : environ 250 km et 18 000 m dénivelé positif en équipe de 3 coureurs et à partir de 2009, la petite dernière baptisée "Sur les Traces des Ducs de Savoie" : env. 105km et 6700m dénivelé positif dans le pays du Mont-Blanc et du Beaufortain.

[ L'Alsace en courant ] : Bonjour Sylvie. Peux-tu te présenter ?

[ Sylvie ] : Ok. Je me presentes : Koehler Sylvie, j'ai 42 ans, 2 enfants. Je travaille en tant que règleur chez Hager en équipe postées, ce qui me permets de m'entrainer. Je vis à Klingenthal (67).

Quel est ton parcours sportif ? Qu'est ce qui t'a amené au trail et à l'ultra ?

J'ai debutée par du VTT et de la course à pied (des 10km). Suite à une hernie discale, j'ai arrêtée la course sur le bitume, mais j'ai continué le VTT. Puis j'ai découvert le raid multi sport sur 1 journée. Je faisais partie d'une équipe entièrement féminine sur longue distance pendant 2 ans avec de bons resultats. Ensuite, j'ai eu des propositions d'autres équipes pour des raids plus longs, plus engagés, ou une féminine par équipe est obligatoire. J'ai passé 2 ans avec une équipe du Vaucluse et j'ai fait quelques très beaux raids de plusieurs jours dans d'autres pays.

Les raids sont avant tout un esprit. Celui d'une équipe soudée dans les bons et mauvais moments. Ca a été pour moi une école de la vie. J'ai appris le goût de l'effort et à me surpasser. Je me suis ensuite tournée vers le trail qui demande bien sûr de l'entrainement, mais dans une seule discipline, et plus accessible financièrement. Comme pour les raids, on commence par un petit, après un peu plus long... et on arrive à l'ultra. Je savais dès départ que c'est l'ultra que j'avais en tête, je me sens mieux dans les longues distances.

Photo : Document remis


L'UTMB était-il ton premier ultra ? Quelle était ton expérience en trail et en courses longues distances ?

L'UTMB était mon premier ultra (mais pas le dernier !). Avant cela j'ai fait d'autres longues distance : l'Annecime (80 km), le Merrel sky (70 km), le trail du Petit-Ballon, Courchevel, le Verdon... et puis l'endurance que j'ai acquis par les longs raids.

Quelle a été ta préparation pour l'UTMB ?

Des entrainements à domicile, à pied, en alternant avec du VTT, et surtout des courses de longues distances, dont mon premier marathon.

Comment c'est passé l'UTMB ? Peux-tu nous parlez de ta course ?

Ma course c'est assez bien passée. Le but pour moi n'étant pas un temps, mais de finir dans les barrières horaires imposées et sans blessures. Pari réussi !


Photo : Document remis
Je crois que émotionnellement, je n'avais jamais ressenti un truc pareil lors d'une autre course ! Le plus marquant c'est le départ, il y a une tension... des émotions partagées entre 2000 personnes. Certains sont concentrés à se demander s'ils respirent, d'autres pleurs. Ils y a les dernières blagues qui fussent, les dernières recommandations... un troupeaux de lions en cage, qui attendent la délivrance, les mois de préparations... Puis LE départ ! Toute l'adréaline libèré, la foule de chaque coté du long serpent humain que forment les coureurs dans toute la traversée de Chamonix. Les jambes sont légères, on a l'impression de voler, toutes la foule nous encourage c'est presque iréelle.


Sortie de Chamonix, je me suis dit j'espères que ca va ralentir !!! puis ca se calme. On ralentit et chacun prends son allure. On échange quelques mots avec ses voisins... puis la nuit arrive, après un premier col, en redescendant un petit coup d'oeil en arrière, c'est magique ! Une longue file de petites loupiotes, une derrière l'autre, un ballet de vers luisant ! Traversée de St-Gervais ambiance incroyable, et d'ailleurs tout le long de la course dans des endroits et à des heures pas possible, les gens sont là de toutes âges ! Pour moi la première nuit vers 3 h du matin fut le plus dur, une envie de se coucher à même le sol et de dormir. Je me suis surprise à m'endormir en marchant ! Et puis le jour se lève, le soleil sur le Mont-Blanc m'a redonné de l'énergie, qui m'a plus quitté ! Courmayeur... la moitié ! Une pause, un petit tour pour soigner une ampoule, un peu de kiné (mais pas trop longtemps, sinon on s'endort) et hop en avant. On échange quelques mots avec des coureurs, on fait des petits bout de chemin ensemble, on s'encourage... On réveil celui qui marche en faisant des zig zag ... On rencontre des coureurs coucher à même le sol sous une couverture de survie, le portable en main pour ne pas oublier de se reveiller... C'est toute une histoire cette course. C'est aussi un tas d'images, des paysages incroyable, des émotions partagées...

Vallorcine ! A ce moment la, je me suis dit : c'est bon tu finis, sauf blessure. Mais dans ma tête j'étais bien ! Encouragée par des "Aller maman !!" de mes 2 fils avec qui je partage la passion de la montagne, la nature, le goût de l'effort. Le dernier col, la dernière descente, elle fait mal, mais l'arrivée si proche fait oublier les muscles endoloris, on voudrais voler, se faire légère pour traverser la dernière ligne droite... Mes enfants traversent tout Chamonix à mes cotés en me donnant la main, ils n'ont que 9 ans mais je n'arrive plus à courrir à leur vitesse, les spectateurs crient mon nom, c'est géant! Je passe la ligne d4arrivée dans les temps, deS gens de l'organisation me serrent dans leurs bras les yeux pleins de larmes comme moi d'ailleurs. Mon frère qui m'a suivi est là aussi dans le même état.
Photo : Document remis



Photo : Document remis
Quel souvenir garderas-tu de ce défi réussi ?

C'est plus qu'une course, c'est une aventure humaine, avec un décor magnifique !

Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui souhaite se lancer à son tour sur une course comme l'UTMB ?

Réaliser son rêve, y croire ! Programmer son entrainement, avec des temps de repos, et participer à des trails avant pour apprendre à se connaitre, tant au niveau de l'entrainement qu'au niveau de l'alimentation qui est très important ! (j'ai pour ma part du tester plusieurs sortes d'alimentation avant de trouver la bonne).

Après l'UTMB as-tu d'autres projets sportif ?

Toujours !! J'aimerais faire la diagonale des fous. Je vais faire le trail du Mercantour au mois de juin (102 km),le raid 73 en mai... et d'autres dates pas encore fixées. Et puis de la rando, avec mes enfants qui adorent déjà la montagne. Je fais aussi partie d'une association pour des enfants handicapé (ndlr : Dunes d'Espoir), on les emmène courir dans des joelettes, c'est aussi une autre facette du sport d'équipe, faire partager !


Merci Sylvie, pour ce témoignage. Bonne continuation dans le trail et les sports nature.

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